A tous ceux et toutes celles qui entreprennent un Master après leur diplôme d’orthophoniste, je dis « chapeau » ! Ce n’est pas facile de se remettre dans le bain des études (certes avec un état d’esprit différent car on est déjà dans la vie professionnelle), d’assister à des cours, de réaliser des exposés et des « devoirs sur table », ainsi que de refaire un mémoire, mais je pense que cela vaut vraiment le coup, ne serait-ce que pour l’expérience intellectuelle et humaine que cela engendrera forcément !
Orthophoniste depuis septembre 2013, l’idée de poursuivre mes études m’a tentée assez rapidement. En effet, avec le certificat de capacité d’orthophoniste (CCO), il est uniquement possible d’exercer… l’orthophonie ! J’étais déjà très heureuse d’avoir pu réaliser cet objectif crucial dans ma vie professionnelle. Or, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve, et j’avais envie d’obtenir un nouveau diplôme plus « général », pouvant m’ouvrir les portes du monde de la recherche (et pourquoi pas un jour, d’autres perspectives pro).
Un exemple : le Master FLDL à Nanterre
Habitant à Paris, le Master 2 Fonctionnements linguistiques et Dysfonctionnements langagiers, parcours Diapason, option Recherche, s’est imposé à moi comme la solution idéale. Pour y accéder, il faut être titulaire du CCO. Vous y êtes admis sur dossier et après un petit entretien, au cours duquel vous exposez qui vous êtes, vos motivations pour ce master, les cours que vous aimeriez suivre, ainsi que votre projet de recherche.
Ce n’est pas un Master d’orthophonie, mais bien de sciences du langage, alors il faut aimer un minimum la linguistique ! Le langage y est abordé de façon généraliste mais aussi sous le signe du développement (enfant, vieillissement) et de la pathologie. En cours, on se retrouve avec des psychomotriciens, des orthophonistes, des futurs professeurs des écoles… Cette diversité peut amener des discussions enrichissantes.
Je tiens à préciser que j’ai commencé mon Master en septembre 2014, et que je soutiens mon mémoire en septembre, je n’ai donc pas totalement fini mon année… Mais ayant déjà été sollicitée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux à ce sujet, je peux déjà vous fournir quelques informations.
Alors voici tout ce que vous devez savoir pour réussir ce Master !
Suivre des cours
Les cours prennent du temps, et il faut pouvoir s’organiser. Pour ma part, j’ai travaillé sur quatre jours par semaine et je me suis organisée pour suivre un maximum de cours en présentiel afin de mieux comprendre leur contenu, mais il est possible de se faire envoyer les PDF des cours si on est absent. Mais mieux vaut y assister à mon avis. Quelques cours sont explicitement proposés à distance, comme l’anglais qui est obligatoire. Pour les étudiants n’ayant pas fait d’études de sciences du langage avant le diplôme d’orthophonie, il fallait choisir deux cours en plus de ceux qui étaient obligatoires à valider. Des cours de rattrapage en phonétique, phonologie, morphologie et syntaxe sont aussi disponibles en ligne pour ceux qui le souhaitent.
Au premier semestre (septembre à décembre), j’ai suivi :
- Structuration du discours (2h/semaine). Je ne regrette pas ce cours, très intéressant et très structuré ! Validation : un devoir maison sur une analyse d’un texte de notre choix.
- Sémiolinguistique du texte (2h/semaine). Ce cours faisait un peu doublon avec le précédent, mais le professeur était très sympathique… Validation : un exposé à l’oral à partir d’un texte, d’une affiche, d’une chanson…
- Fonctionnements et dysfonctionnements prosodiques (deux semaines de 4 matinées intensives : une en septembre, une en décembre). Je recommande ce cours, passionnant mais un peu complexe… Validation : un exposé en lien avec la prosodie, et un devoir sur table de 2h environ.
Au deuxième semestre (janvier à fin avril) :
- Pragmatique (deux semaines de 4 matinées intensives : une en janvier, l’autre en février). Validation : un exposé oral.
- Marqueurs lexico-syntaxiques des émotions en français (deux semaines de 4 après-midi intensives : une en janvier, l’autre en février). Deux profs se relaient pour donner un cours sur les émotions et un cours sur la théorie de la métaphore (très original). Validation : un devoir sur table portant sur des questions de cours.
- Anthropologie linguistique et cognition (4h/semaine) : cours vraiment passionnant, on apprend comment fonctionnent le langage et la pensée dans les différentes cultures humaines, foncez ! Validation : exposé oral sur un texte choisi par la prof + analyse d’une vidéo.
- Introduction à la psycholinguistique (2h/semaine) : trois profs du master se relaient pour approfondir les liens entre langage et gestualité dans les domaines de la surdité, du bilinguisme, et de l’autisme. Validation : un devoir sur table portant sur une analyse de documents de recherche.
- Anglais (2h/semaine) : heureusement, ce cours était proposé à distance. La prof nous envoyait par mail un travail d’analyse de texte à réaliser chaque semaine, et un oral en anglais portant sur notre projet de mémoire a été organisé via Skype.
Le deuxième semestre a été beaucoup plus chargé que le premier (le cours d’Anthropologie linguistique et cognition a en effet été reporté au 2e semestre au dernier moment), et en plus de cela, il fallait pouvoir aller au stage et commencer sérieusement le mémoire… ce qui faisait un sacré emploi du temps (merci à mes patients d’avoir souvent accepté de décaler vos séances le samedi) !
Effectuer un stage ou assister à des séminaires
Le stage de recherche doit avoir une durée minimum de 140 heures. J’ai eu l’opportunité de réaliser un stage au CNRS, mais d’autres structures sont possibles également. C’est une des profs du master qui m’a orientée vers ma maîtresse de stage, qui réalise des études sur la gestualité en lien avec la problématique du vieillissement. Ce thème était parfait pour moi qui travaille essentiellement avec des patients présentant des démences de type Alzheimer ! Du coup, mon stage a consisté à réfléchir sur le protocole d’annotation des gestes réalisés dans le cadre d’un discours chez une personne âgée saine. Grâce à ce stage, j’ai pu réfléchir à la notion de continuum entre vieillissement normal et pathologique, ce qui m’a permis aussi de prendre du recul par rapport à ma pratique quotidienne d’orthophoniste… En stage, j’ai pu découvrir, un jour entier toutes les deux semaines environ pendant quelques mois, la vie de chercheuse en « laboratoire » (non il n’y a pas de souris comme dans les labos des scientifiques, juste des ordinateurs en fait, mais aussi des gentils humains qui aiment discuter de leurs travaux de recherche) !
D’autre part, au cours de l’année, on a la possibilité d’assister à plusieurs séminaires. Pendant deux heures, on assiste à l’exposé (souvent passionnant !) de linguistes dans une salle de cours avec beaucoup d’étudiants et d’autres chercheurs… C’est interactif et les questions sont toujours les bienvenues. A noter : le « rapport de stage » peut porter sur le résumé de plusieurs séminaires.
Écrire un mémoire
C’est, il me semble, la partie du Master qui demande le plus de temps et d’investissement. Pas toujours facile de trouver la motivation pour s’y mettre entre les rendez-vous avec les patients, les cours et le stage ! Trois sessions sont prévues pour les soutenances : fin mai pour ceux qui prétendent à un doctorat, fin juin pour la deuxième session, et début septembre pour la troisième. J’ai la chance d’avoir pu faire mon stage avec celle qui est aussi ma directrice de mémoire, ce qui facilite les choses. On se donne régulièrement rendez-vous via Skype et on correspond beaucoup par mail. Cela se révèle très utile notamment pour l’analyse statistique ! Et plus généralement, être bien encadré redonne de la motivation pour avancer dans cette année assez dense.
Quels autres Masters peut-on choisir ?
En fait, en lisant plusieurs discussions à ce sujet sur Facebook en particulier sur le groupe Orthophonie et Recherche, il me semble qu’aucun Master ne soit a priori inaccessible. Si un Master 2 vous intéresse tout particulièrement, il faut envoyer un dossier avec une bonne lettre de motivation, et il est toujours possible d’y être admis : tentez votre chance !
Exemples de Masters qui pourraient intéresser les orthophonistes :
- Master 2 Neuropsychologie et Neurosciences Cliniques (proposé à Lyon, Toulouse et Grenoble)
- Master Sciences du Langage spécialité « Linguistique, Cognition, communication » (à distance)
-
Vous pouvez jeter un œil sur le site du RISC qui recense tous les Masters en sciences cognitives.
Et après ?
Au départ, je visais bel et bien un doctorat après le Master… Mais la réalisation de mon mémoire a pris beaucoup de temps et je n’ai pas pu le soutenir en mai (indispensable pour s’inscrire en doctorat à Nanterre). Je le termine donc tranquillement et je le soutiendrai en septembre. Mais il n’est pas exclu qu’un jour, je souhaite me lancer dans un doctorat.
Mais peut-on concrètement concilier une activité d’orthophoniste avec un doctorat ? Il semble que ce soit possible en effet de cumuler une activité en libéral avec une bourse de doctorat, mais selon les témoignages que j’ai pu lire sur Facebook, cela prend beaucoup de temps d’obtenir une autorisation de l’université… En fait, le cumul serait plus ou moins facile selon l’école doctorale où on est inscrit. Quand on travaille à l’hôpital, en revanche, il serait plus facile de cumuler des études en doctorat et l’orthophonie, mais pour cela il faut demander une autorisation de cumul comme les fonctionnaires.
Pour conclure, l’enjeu de l’orthophonie de demain réside dans une véritable participation de la profession à la recherche. Il me semble que de plus en plus d’orthophonistes franchissent le pas : Master 2, Doctorat et postes de recherche ! Les orthophonistes incarneront une recherche vivante, en lien concret avec le terrain clinique, pour le plus grand bien de notre profession (en termes de diversification de la pratique de l’orthophonie et de reconnaissance de la profession) et bien sûr celui des patients.
Et vous, quel Master conseillez-vous après le CCO ?
Labortho est aussi sur Facebook !
N’hésitez pas à laisser vos commentaires.
Bonjour,
Intéressée aussi pour faire un master, je me demandais si certain(e)s orthos avaient réussi à se faire admettre directement en M2 du Master de Lyon-Toulouse-Grenoble (mentionné en fin d’article)? Sans passer par le M1? Merci d’avance.
Bonjour,
Je suis orthophoniste à Livry-Gargan dans le 93 et j’aimerais avoir quelques conseils : je voudrais poursuivre mes études surtout pour épanouissement personnel et pour avoir un jour peut-être le privilège d’enseigner. Mais j’hésite encore entre un master 2 et un DU. Quelqu’un peut-il m’aiguiller ? Pour faire de la recherche, je suppose que le master est à privilégier, mais si je souhaite enseigner, un DU est-il suffisant ?
Merci à tous pour vos réponses !
Bonjour,
Je suis orthophoniste salariée à Paris, et l’idée de reprendre mes études me plait assez. Je voudrais surtout pouvoir enseigner aux étudiants en orthophonie, seulement, je ne sais pas très bien quel master il faut que j’entreprenne pour atteindre cet objectif. la recherche m’intéresse évidemment beaucoup aussi, mais dans un premier temps, je suis quelqu’un de très pédagogue, j’adore avoir des stagiaires et j’aimerais enseigner.
Quelqu’un pourrait-il m’aider ? j’ai déjà contacter l’upmc, la formation continue, mais pour le moment, ils m’ont proposé le master 1 santé, sans trop me dire s’il était bien utile pour poursuivre cette carrière. Puis-je postuler pour le master 2 ? faut-il un doctorat pour enseigner ? Faut-il que je privilégie d’abord la recherche pour enseigner ? Qui faudrait-il que je contacte ?
J’ai lu le post de Guillaume, très très intéressant, je l’ai même imprimé pour pouvoir le relire ! Il est un peu décourageant, et en même temps, motivant pour améliorer notre condition. Ca mériterait presque un débat.
A bientôt !
Bonjour,
Pour enseigner à l’école d’orthophonie de Paris, vous pouvez contacter le DUEFO de Paris qui recrute régulièrement de nouveaux enseignants parmi les orthophonistes.
Et je pense que seul le Master Recherche permet d’accéder ensuite à la recherche, le DU servant surtout à l’approfondissement de nos connaissances et à l’amélioration de la pratique auprès des patients.
Bonjour, je voulais juste signaler qu’il y a également à Strasbourg un master de neurosciences qui accepte les orthos ! Je suis moi-même en train de le terminer, et la formation est très enrichissante ! Il est possible d’y suivre des options orientées vers la clinique et de poursuivre sur des sujets de thèse en rapport avec l’orthophonie. L’orientation est plutôt recherche.
bonjour Lena , ce master est-il accessible en M2?
et pardon mais j’oublie également le domaine des sciences de l’éducation !
Bonjour Hélène Goulat.
Je me permets de répondre à votre réaction qui j’imagine se corrèle à la tiédeur du gouvernement actuel concernant la valorisation de notre profession de soins. J’entends tout à fait cette remarque, moi-même orthophoniste, moi-même titulaire d’un Master 2 recherche avec quelques publi et communications en poche, je me suis entendu répondre lors d’un entretien pour un poste en service neuro que je ne devais « être qu’un orthophoniste ». La chef de service entendait par là : ne PAS « faire les neuropsychologues » (pas d’évaluation de la mémoire, des F.ex, des compétences cognitives mêmes celles liées au langage) ; que mon boulot consistait à : 1) faire de la dysphagie à la pelle et former le personnel afin de réduire les coûts de formation externe ; 2) offrir des moyens de communications alternatifs et augmentés pas trop onéreux ; 3) évaluer le langage « c’est-à-dire l’expression et la compréhension POINT» ; 4) on saura utiliser mes « autres compétences » pour co-écrire des articles ou développer des projets communs (traduction : tu seras mon nègre et au mieux on te mettra dernier auteur) le tout pour une paye de misère avec des collègues qui m’attendaient au tournant.
Je trouve cependant qu’en répondant de la sorte à ce billet Labortho : je vous cite « L’enjeu de l’orthophonie de demain c’est que le diplôme de base nous permette d’être respectés dans notre exercice au quotidien » ; « Parce que dans la pratique » ; « être pris pour des profs particuliers gratis » etc. c’est se tirer une balle dans le pied ! Pardon si le terme est un peu fort, mais c’est particulièrement irrespectueux pour celles et ceux qui se sont engagés sur la voie de la recherche (pas mieux valorisée) et qui développent notre métier avec toutes les armes intellectuelles, scientifiques possibles qui nous permettront en partie de battre le pavé et de négocier nos nomenclatures, notre plus-value en salariat etc. Tout le monde ne veut pas être chercheur … soit ! Mais notre profession manque cruellement de « preuves scientifiques », de chercheurs en orthophonie et remédiation. Petite histoire de l’orthophonie pour illustrer, telle qu’on me l’a présentée plusieurs fois dans des laboratoires de psycho, de neurosciences et de linguistique. Notre profession est jeune, elle est au carrefour de beaucoup de disciplines (ce qui est un atout dans le monde professionnel mais ce qui est difficile à entendre dans le monde scientifique). Un choix nous a été donné à une époque : soit vous rejoignez le rang des psychologues et vous ferez votre formation dans une faculté de sciences humaines et sociales (comme en Belgique où les orthophonistes ont d’abord un diplôme de psychologie puis peuvent prendre une mention logopédie) ; soit rejoindre la faculté de médecine vous garantissant une orientation paramédicale et donc la possibilité de vous faire rembourser les soins. Le choix s’est donc porté sur la seconde option, intéressant mais sans prendre conscience de la perte d’autonomie que cela allait engendrer d’un point de vue intellectuel. L’orthophoniste actuel en France ne peut pas faire autre chose que pratiquer. Le médecin lui, peut décider de rejoindre un groupe de recherche, de mener une étude clinique qu’il pourra ensuite diffuser dans des revues médicales. Conséquences, les quelques un(e)s qui ont l’outrecuidance de penser à offrir une autre dimension à leur métier se retrouve à mettre sous silence certains aspects de leur métier en vue d’entrer dans une discipline proche, parfois en rembobinant très loin dans leur cursus. La psycho par exemple exige un passage obligé en L3 et non en master directement (malgré nos 4 années d’études), certains départements de sciences du langage sont dans la même démarche, les neurosciences sont tout aussi impitoyables. Pour ma part, je suis parti en sciences du langage, très heureux d’intégrer une unité de recherche j’ai cependant toujours l’impression qu’on m’ampute de ce que je suis : je ne pourrai jamais mener de recherche en oralité alimentaire de manière autonome (prise en charge que j’adore mais qui n’a pas sa place en linguistique et en SHS en général), on me renvoie un jargon de linguiste que je ne maîtrise pas toujours, je dois parfois batailler pour valoriser une orientation pluridisciplinaire dans ma thèse (psycho, SDL, neurosciences), je remets en question beaucoup de choses : de mes connaissances intellectuels à ma vie privée (puisque la charge de travail est soutenue). Que faire ? certain(e)s ont quitté la France pour aller en Belgique, au canada, aux Etats-Unis pour réaliser un doctorat au sujet de l’alimentation des polyhandicapés, des compétences logico-mathématiques ; autant de domaine patronnés par les orthophonistes mais qui n’intéressent pas beaucoup les linguistes ou la psycho. Je ne m’épancherai pas sur la suite après le doctorat en France : peu de postes, enchaînement des post-doc sous payés, financements difficiles, statut précaire, tâches administratives Vs recherches lourdes etc. TOUT ça (merci d’avoir lu) pour dire que oui : l’avenir de l’orthophonie passera par une véritable participation de la profession à la recherche ! POURQUOI ? La recherche vise évidemment à produire des connaissances scientifiques. Mais ces connaissances peuvent prendre des formes diverses : il peut s’agir de publications, de rapports, de brevets, de communications orales, etc. Enfin, ces connaissances peuvent être incorporées dans de nouvelles machines, de nouveaux instruments ou dispositifs. (je pense aux commandes vocales, à la domotique médicale etc) Ce sont tous ces produits qui, en étant diffusés au sein de la communauté scientifique, permettent au à une discipline d’être reconnue par la société, et de recevoir en retour les moyens nécessaires à la poursuite de son travail. Le manuel de Frascati, pour satisfaire des besoins statistiques, définit plusieurs types de recherche :
• La recherche fondamentale, entreprise principalement (mais pas toujours exclusivement) en vue de produire de nouvelles connaissances indépendamment des perspectives d’application.
• La recherche appliquée, qui est dirigée vers un but ou un objectif pratique.
• Les activités de développement (parfois confondues avec la recherche technologique), qui consistent en l’application de ces connaissances pour la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs.
Ainsi, ça évitera de voir des mémoires d’orthophonie de 200 pages portant pour la énième fois d’un même sujet sans réelles valeurs statistiques, sans démarche scientifique appropriée (je sais ce n’est pas agréable mais pour en avoir lus et en avoir fait les frais je trouve ça terriblement dommage pour les étudiants qui ont réalisé ce projet et terriblement honteux pour les directeurs de mémoire et surtout l’institution qui patronne le projet).
Développer la recherche en orthophonie, c’est ouvrir l’esprit des futurs professionnels et les rendre autonomes dans leur pratique. C’est donner de l’aplomb aux professionnels face à une équipe pluridisciplinaire lorsqu’un bilan orthophonique a été réalisé et qu’ils doivent défendre les dossiers des patients. C’est surtout être une profession avec ses spécificités, son expertise clinique et théorique et non pas la petite-main du médecin, du psychologue, des chercheurs offrant bénévolement de son temps et ses cas cliniques. C’est valoriser les courageuses, les courageux qui s’engagent dans la voie de la formation sans reconnaissance scientifique alors qu’un boulot de bibliographie, de synthèse a exigé le sacrifice de pas mal de week-end et de soirées. C’est SURTOUT harmoniser notre vision du métier et notre formation initiale, et donc l’égalité entre les praticiens et les patients bénéficiant des soins orthophoniques. C’est éviter de voir une profession vérolée par des praticiens à la petite semaine faisant pour le coup du bandit-manchot en langage écrit acadomia, sélectionnant leur patient à la pathologie, aux profils, sans aucune formation continue et jetant le discrédit sur des professionnels qui s’engagent à donner des soins de qualité. C’est valoriser le fait que nous sommes des paraMEDICAUX et que de ce fait notre orientation favorise les échanges au sein de structures médicales, hospitalières et que notre expertise compte. C’est avoir un enseignement universitaire mêlant pratique et développement des techniques avec des professeurs qualifiés ayant un profil universitaire.
Il serait donc dommage voire condescendant que de cliver orthophonie clinique et orthophonie de recherche. Nous avons besoin l’un de l’autre pour nous développer et surtout pour donner toute la légitimité nécessaire à des négociations sur notre profession.
Guillaume Duboisdindien
Point de vue très juste et réaliste…
Très juste
Bonjour !
Cela me fait également penser à une directrice de master en neurosciences, qui, à ma demande d’informations, m’avait répondu que mon diplôme d’orthophoniste était suffisant à la pratique clinique et que je n’avais pas à m’embêter à faire de la recherche … Dommage …
L’enjeu de l’orthophonie de demain c’est que le diplôme de base nous permette d’être respectés dans notre exercice au quotidien, d’être rémunérés convenablement en libéral et en salariat, de ne pas avoir à subir 90 jours de carence en cas de maladie, d’espérer une retraite avant 82 ans… Un master ça fait bien en société et c’est bon pour l’estime de soi et les neurones.. pour le moment … Parce que dans la pratique, avoir un master ne nous empêchera pas d’être juste financièrement, de gagner 1300 euros au plus en cas de maladie et d’être pris pour des profs particuliers gratis…