Orthophonistes : exercer sereinement

 
Quelles sont les conditions favorables pour retrouver un sentiment de sérénité au travail ?

 

Si le sentiment de sérénité au travail ne peut jamais être pleinement vécu (après tout le travail ce n’est pas les vacances), ce sujet mérite au moins qu’on en discute pour voir ce qui peut être amélioré par nous-mêmes et dès demain !

 

Faire du temps un allié

 

Le sentiment d’être pressé par le temps inhibe l’émergence de nouvelles idées. La procrastination peut s’installer pour faire diminuer la pression que l’on ressent. Or, quand nous prenons tout le temps dont nous avons besoin, la pensée peut vraiment se déployer et oser s’aventurer sur les chemins qu’elle se sent libre de suivre. Parfois, des allers et retours et des temps de pause sont nécessaires pour arriver au bout d’un projet. C’est mon cas lorsque je réalise un bilan en structure. Je peux m’octroyer plusieurs sessions d’observation, de tests directs et d’échanges avec mes collègues, en fonction du patient que je vois. Je suis convaincue que les orthophonistes, quel que soit leur mode d’exercice, ont le pouvoir de mettre en place un environnement de travail qui correspond à leur manière d’être et de réfléchir. Le cadre de travail où nous évoluons devrait laisser un espace suffisant pour réaliser des séances, mais aussi créer du lien avec les collègues et les familles.

 

Bien s’entourer

 

Les personnes qui savent nous écouter ne sont jamais de trop. Amis, psychologues, âmes généreuses qui répondent à nos questionnements sur les réseaux sociaux, sont des ressources précieuses. De telles personnes créent immédiatement un sentiment d’ouverture dans notre attitude et nous pouvons alors partager nos idées et nos émotions avec elles en toute confiance.

Par ailleurs, de nombreux métiers ont adopté un fonctionnement en binôme. Je pense notamment aux aide-soignants. Dans le cadre de mon activité salariée, je suis la seule orthophoniste dans ma structure, mais il m’arrive de voir des patients en groupe avec une éducatrice spécialisée. Une certaine complicité est née entre nous, et les regards apportés par nos métiers différents nous enrichissent mutuellement.

Bien s’entourer signifie aussi prendre des temps pendant lesquels nous sommes seuls pour aiguiser notre réflexion personnelle, lire, rédiger nos compte-rendus et ne pas dépendre tout le temps d’une autre personne.

 

Déléguer notre charge cognitive à des supports visuels et numériques

 

Emplois du temps, agendas, post its, téléphones mobiles, logiciels… Les supports visuels sont très souvent utiles à nos patients, mais ils peuvent aussi l’être pour nous, professionnels de santé. Tous ont en commun d’alléger notre charge mentale au travail. Pour ma part, je suis très contente d’avoir suivi il y a trois ans une formation pour faire ma comptabilité sur un logiciel que j’utilisais au départ uniquement pour les télétransmissions.

Il existe aussi des logiciels qui permettent d’alléger la rédaction des compte-rendus des bilans. Mes collègues qui ont testé ce type d’outil m’ont fait part de retours très positifs.

 

 

Développer notre intelligence émotionnelle

 

Les professionnels de santé que nous sommes sont très souvent des « éponges ». Ils absorbent en eux les émotions des autres, et leur prodiguent des soins parfois hélas au détriment de leur propre santé. Savoir écouter, reconnaître et exprimer ce que l’on ressent me semble fondamental. Or, pour certaines personnes, il est extrêmement difficile d’accepter de laisser entrer en eux leurs sensations et leurs émotions. La méditation de pleine conscience est un outil intéressant pour les aider à se rendre présents à cet aspect essentiel de la communication.

 

D’autres techniques, comme l’écoute d’une séance d’ auto-hypnose sont les bienvenues pour nous aider à lâcher prise et être vraiment présent, dans un métier où nous sommes presque constamment sollicités.

 

Un autre sujet de discussion serait de discerner ce qui, dans nos conditions de travail, ne dépend que de ce que nous pouvons modifier à l’échelle individuelle, de ce qui relève de changements au niveau des institutions et de la société.

Et vous, pensez-vous qu’il est possible de se sentir serein(e) dans notre travail d’orthophoniste, et que nous pouvons y travailler ?

 

 

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2 commentaires sur “Orthophonistes : exercer sereinement

  1. Sophie

    Bonjour,

    Tout d’abord, je vous remercie pour votre billet (et même vos billets !) que je lis toujours avec plaisir…

    Vous présentez un cadre de travail idéal, et il est vrai qu’il serait bon qu’il soit celui-ci… Mais avec le souci de plus en plus affiché de rentabilité et de paiement à l’acte, notamment à l’hôpital, et de multiplication des tâches administratives (et pas uniquement en libéral), le temps se raréfie, et il est très souvent difficile de le prendre…

    Je rebondis sur une phrase qui vient juste avant la clôture de votre billet :
    « Un autre sujet de discussion serait de discerner ce qui, dans nos conditions de travail, ne dépend que de ce que nous pouvons modifier à l’échelle individuelle, de ce qui relève de changements au niveau des institutions et de la société. »

    Beaucoup de soignants font tous ce qu’ils peuvent pour modifier tout ce qui est possible à leur échelle individuelle, parfois au détriment de leur santé, et nous sommes de plus en plus parasités par les questions institutionnelles, et de fait, de société…
    D’où une difficulté de plus en plus patente à prendre le temps…

    Merci pour votre lecture

  2. Adeline

    Merci pour cet article optimiste ! Je suis passionnée par mon travail, et je goûte la chance de pouvoir l’organiser comme cela me convient en libéral. C’est bien d’en avoir conscience, d’être en pleine conscience de de mes chances, je peux même dire. Ce qui me ronge, c’est le pessimisme ambiant dans notre profession : sur les réseaux (qui sont aussi, comme tu le dis, une formidable source de soutien et de partage) il y a aussi beaucoup de négatif. J’essaie de faire le tri de rester sur les groupes où règne une belle ambiance et de l’enthousiasme, pour ne pas me laisser contaminer, mais ce n’est pas toujours facile… J’aime les groupes Orthopositif et Paksa à faire par exemple, inspirants, égayants !

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