Le plaisir, un sujet délicieux pour un billet d’été tout doux et tout chaud sur Labortho !
Je veux bien entendu parler ici du plaisir associé à la communication. On nous a appris en école d’orthophonie que l’acte de communiquer s’accompagne toujours de plaisir, comme si c’était une évidence qui n’avait pas besoin d’être expliquée.
Aujourd’hui, j’ose questionner l’origine de cette réalité, que je ne conteste pas. J’ai besoin de comprendre d’où vient le plaisir provoqué par la relation, par l’acte d’échanger avec autrui, l’action de parler et d’écouter quelqu’un…
Plaisir, où es-tu ?
On sait déjà comment le plaisir est déclenché dans le cerveau quand on réalise une action nécessaire au maintien de la vie (manger, boire, se reproduire…). De nombreuses régions cérébrales s’activent et se gorgent de dopamine : cortex cérébral, gyrus cingulaire, septum, aire tegmentale ventrale… On parle du circuit de la récompense. Les chercheurs ont quand même montré qu’en fonction du stimulus, les régions cérébrales activées n’étaient pas les mêmes. Il y a en effet des plaisirs dits primaires (regarder des images érotiques en fait partie) et des plaisirs secondaires (gagner de l’argent…). Résultat, le plaisir se manifeste, c’est la magie de la biologie. Dingue que des neurones et des hormones qui s’agitent nous fassent cet effet de pur bonheur, mais c’est pourtant la réalité !
Communiquer, c’est comme manger du chocolat ?
Alors quand on communique et qu’on ressent du plaisir, c’est pareil dans le cerveau ? Vous me direz peut-être : sûrement, car si on a du plaisir à interagir avec autrui, c’est parce que c’est bon pour notre survie ! L’Homme a besoin des autres humains pour survivre, même s’il pense le contraire ! Je suis convaincue que l’indépendance absolue n’est que pure chimère. On est tous plus ou moins dépendants d’autrui, mais c’est un autre sujet.
Très bien, posons cette hypothèse : nous avons du plaisir à communiquer parce que c’est un acte nécessaire à notre survie. En avons-nous des preuves ? Un article du Huffington Post va dans ce sens : des chercheurs américains ont observé que parler de soi (raconter son vécu, ses expériences personnelles) provoque le même type de plaisir et d’activation cérébrale que manger, faire l’amour et se droguer (au choix) ! Parler de soi est même préféré à gagner de l’argent ! Là encore le circuit de la récompense et la libération de dopamine sont de la partie. Le cerveau ne semble pas faire la différence entre le plaisir de parler de soi et d’autres plaisirs primaires. Parler de soi serait-il un besoin plus vital que nous le croyons ?
Il n’y a pas que lorsqu’on raconte nos expériences personnelles qu’on ressent du plaisir. De même, le statut d’auditeur provoque lui aussi cette sensation ! Il n’y a qu’à repenser aux histoires qu’on aimait entendre étant enfant, mais aussi au plaisir ressenti quand on écoute nos amis parler. Et si l’origine du plaisir d’écouter quelqu’un s’expliquait par la synchronisation des ondes cérébrales entre le locuteur et ses auditeurs ? Comme le neuroscientifique Uri Hasson l’explique dans cette vidéoconférence TED, lorsqu’une personne raconte une histoire, les régions cérébrales qui s’activent sont les mêmes que celles des personnes qui l’écoutent. Ces résultats ont créé la surprise chez les chercheurs car la production et la compréhension de la parole font intervenir des mécanismes cognitifs différents.
A partir de là, tout devient logique : si un locuteur éprouve un immense plaisir à parler de lui-même et que le cerveau de ses auditeurs réagit comme son propre cerveau, les auditeurs ressentiront autant de plaisir que le locuteur ! En conclusion, parlez de vous-mêmes aux autres, vous ferez plaisir à tous vos auditeurs qui en redemanderont !
Tout cela est bien drôle, mais je sais bien que dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça… Les gens qui parlent trop d’eux-mêmes sont vite difficiles à supporter. La communication s’appuie avant tout sur un échange.
Pourquoi et comment l’échange provoque-t-il du plaisir ? Le plaisir de la communication se manifeste-t-il dans le cerveau de façon spécifique et différente des autres plaisirs ? Ces questions restent encore à explorer. Si ce sujet vous passionne, n’hésitez pas à faire vos propres recherches d’articles et à les partager en commentaires !
Bravo pour cet articlant très intéressant. Je pense aussi que avoir du plaisir à parler demande des connaissances et du talent tandis que écouter est plus facile et plus passif.