A l’avenir, les capacités de mémoire à long terme vont probablement être de moins en moins utilisées au profit des capacités attentionnelles, de mémoire de travail et des fonctions exécutives.
Après avoir écouté l’émission « Le sens des choses » sur France Culture au sujet des maladies de la mémoire, certaines interventions m’ont interpellées, notamment celles du chercheur Francis Eustache.
Un sujet très actuel y a été brièvement abordé : avec l’avènement des nouvelles technologies, on a tendance à déplorer le fait que les jeunes ne savent plus se servir de leur mémoire comme le faisaient leurs aînés. Une information à chercher ? On la trouve sur Google ! Et très rapidement ! Quel intérêt y aurait-il à retenir des informations par cœur à l’heure d’Internet ?
Justement, a répondu le chercheur, Internet permet de stocker des informations dans une mémoire externe au cerveau humain. En somme, une partie de notre cerveau est depuis longtemps déjà à l’extérieur de nous-mêmes: celle dédiée à la mémoire à long terme. Aussi bien la partie sémantique (encyclopédies, livres d’histoire…) qu’épisodique de cette mémoire à long terme sont contenues dans des lieux extérieurs à l’organe cérébral. En effet, le souvenirs des différents événements de notre vie (contenus dans la mémoire épisodique) ne sont uniquement créés par nous-mêmes : ils sont remodelés par les souvenirs de nos proches, le récit qu’en ont fait des artistes (périodes de guerre…), et le temps qui passe. Grâce aux nouvelles technologies, le cerveau est désormais encore plus qu’auparavant déchargé de la fonction de stockage des informations. Il est davantage disponible pour les connecter entre elles et pour en faire la synthèse.
C’est de cette capacité à organiser les informations qu’ont surtout besoin les jeunes générations. Elles doivent apprendre à rechercher les informations, à les trier, à les hiérarchiser, et enfin à les synthétiser, ce qui implique que ces informations soient assimilées et restituées d’une manière personnelle et créative.
On entend très souvent que les jeunes seraient de moins en moins capables d’être attentifs et de se concentrer sur une longue période de temps… Il est possible que le zapping occasionné par l’utilisation d’Internet altère nos capacités attentionnelles. Il faudrait donc davantage insister sur l’éducation des capacités d’attention plutôt que sur l’apprentissage par cœur… même si, comme le rappelle le chercheur, un minimum de mémoire à long terme est nécessaire pour que des informations nouvelles puissent être assimilées par le sujet.
L’être humain tendant à vivre de manière interconnectée au niveau planétaire (mondialisation économique, globalisation des modes de vie, partage d’informations via Internet…), on observe que le cerveau lui aussi tend de plus en plus à devenir un organe favorisant l’interconnexion des informations plutôt que leur stockage.
En somme, avec Internet, le cerveau humain a de nouveau trouvé un moyen de décharger sa mémoire à long terme pour se consacrer à des activités plus créatives !
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Bonsoir Raphaëlle,
Effectivement, on entend souvent dire que l’émergence de l’internet pourrait nuire à la mémoire et aux cerveaux. Or, comme vous l’expliquez très bien, internet est un moyen moderne pour stocker des informations, un peu comme une bibliothèque a été et est encore un lieu pour stocker des informations. Donc, d’une certaine manière, internet peut être considéré comme une bibliothèque des temps modernes, disposant des dernières technologies de télécommunication.
Ray Kurzweil, le CTO de Google, et auteur d’un livre que je vous recommande : How to create a mind ?, montre que ce qui distingue les Hommes des animaux, c’est la capacité à stocker des informations et les transmettre de générations en générations, en ajoutant à chaque génération, des informations supplémentaires.
A très bientôt,
Guillaume
Bonjour Guillaume,
Votre commentaire que je trouve très intéressant met judicieusement l’accent sur les différences cognitives qui distinguent l’espèce humaine des autres espèces. Les humains ont réussi, à travers les livres, à prolonger leur cerveau. Merci pour la référence bibliographique qui viendra donc s’ajouter à ma bibliothèque neuronale et à celle des lecteurs de ce blog!
Amicalement,
Raphaëlle